Terre captive, (La)
(Zemlia v Plenu)
de Fyodor Otsep
(1928 / Union soviétique / 1h40)
avec Anna StenTexte de présentationDans ce réalisme cependant, rien d’obscène, ni dans la tentative de violence contre la jeune nourrice, ni dans les scènes de la maison mal famée. De cette maison... de plaisir... il se dégage pourtant une telle atmosphère de vice, de souillure physique et morale que la nausée parfois l’emporte sur la pitié. Sans en abuser, le réalisateur emploie, avec un réel sens de l’image, le parallélisme, faisant succéder, par exemple à une vache à lait la jeune nourrice, qui prend ainsi rang de bétail humain dans l’esprit de ses patrons. Ailleurs, il s’est plu encore à établir la déchéance des êtres qui fréquentent les tristes filles de joie en nous les présentant devant un miroir déformant. Devant ce miroir, le prognathisme des individus s’accentue, ce n’est plus un homme, mais une brute qu’un rire de luxure secoue ; ce n’est plus une fille, mais un déchet d’humanité. Au milieu de tous ces êtres repoussants, une figure de femme, aux traits candides, aux yeux purs et innocents : la jeune paysanne russe.
Source : Cinémagazine, 1929 – n° 7, 15 février 1929